Valéry Raydon


De l’obscur récit de sa vie, on ne sait pas grand chose. Il serait le second enfant du fruit des amours d’un voyageur immobile, Don Roberto El Nino, homme de grand savoir, et de son épouse Maria-Helena au doux regard curieux. Il aurait vu le jour en l’an de Grâce 1973 auprès d’une source sacrée celte en Gaule du Sud.

Selon la légende, on trouve également pêle-mêle dans son ascendance, un marin breton, un forain manouche montreur d’ours, un légionnaire hongrois joueur de violon, un troubadour toulousain, un colporteur itinérant et un courrier royal, un berger berbère, un chevalier questeur qui ne se trouva pas lui-même, un pèlerin jacquaire qui passa sa vie à suivre les étoiles. Autant dire que la vie le prédestinait à un destin de cheminant ou d’errant et ne tarda pas à le jeter sur les routes du monde.

Certains soirs, où il daigne saouler ses convives d’un phrase composée de plus de trois mots et allant parfois jusqu’à contenir une structure verbale, il parle du Dieu du Vent qui balaie tout de son souffle et qui serait le grand ordonnateur de la mélodie ballotante et tourbillonnante de son existence.

Le personnage, sensible et silencieux, cache en lui des relents de tempêtes anciennes désormais assagies, des océans de doutes aux profondeurs abyssales, des pluies d’hiver et de longs jours de mistral affolant, de timides éclaircies et des ciels constellés d’Amour. Il se dit mauvais vivant mais vivant quant même, un peu. Il se déclare volontiers « mytho-man », « homme de mythe », il aime les histoires.

Parmi les bribes connues de son passage terrestre, il y a le prénom entêtant d’une femme italienne aussi belle que sage, des amitiés anciennes, les liens qui l’unissent à son Clan familial, la musique qui célèbre la vie, le hasard des rencontres. Rien n’est sûr en ce qui le concerne, sauf les mille et une routes qu’il lui faudra encore suivre dans l’errance infinie.